Les lunettes au cours du temps

Publié le par AnMaCha :0074:

Les premiers temps : l'Antiquité
Nous savons actuellement qu'il n'existait pas encore de " lunettes " avant la naissance grâce à une lettre de Cicéron dans laquelle il expliquait qu'en raison d'un relâchement de l'acuité visuelle dû à l'âge, il était obligé de faire appel à des esclaves pour l'aider dans ses lectures. Les premières évocations de l'utilisation de lunettes remontent à l'époque de Néron dont on dit qu'il aurait lui même utilisé une émeraude pour assister au combat de gladiateur. Pline l'Ancien écrivait : " La couleur agréable de l'émeraude fortifie l'acuité visuelle ". De manière plus générale, ces premières aides à la lecture appelées " pierres de lectures ", étaient réalisées à partir de béryls, pierres semi-précieuses translucides, et servaient ainsi de loupes. 
Du point de vue scientifique, le philosophe grec Ptolémée établit les premières bases de l'optique de la réfraction de la lumière vers 150 après J-C.

 





Le Moyen-âge
Ces bases de l'optique furent développées au environ de l'an 1000 par le mathématicien et astronome arabe Alhazen qui énonça ainsi les premières lois de la réfraction. Ce n'est qu'en 1267 qu'un moine anglais passionné de physique, Roger Bacon, prouva scientifiquement que l'on pouvait agrandir les lettres grâce à des verres surfacés de manière particulière. Il développa ainsi avec d'autres moines les pierres de lecture toujours faites en béryl et les améliora : les premières lentilles étaient biconvexes, en effet le verre était bombé des deux côtés. Ces premiers verres venaient des verreries de Murano, qui peuvent alors être considérées comme le berceau des lunettes. En 1300 apparurent les premières lunettes, nommées Bril et constituées d'un verre surfacé convexe entouré d'un cercle en fer, corne ou bois.  Elles étaient équipées d'un manche pour être tenues puis les bésicles clouantes se développèrent grâce à l'assemblage de deux verres, mais celles ci devaient être retenues sur le nez à la main. Cependant elles restent rares (cf. Le nom de la rose, Umberto Eco) mais permettent la lecture et l'écriture jusqu'à un certain âge.




Du 15ème au 17ème siècle
Vers la fin du 15ème siècle, les bésicles clouantes furent remplacées par les lunettes à branches qui étaient en fer, argent, bronze ou cuivre et elles furent améliorées grâce à l'utilisation d'un point ressort et d'une lamelle exerçant un effet de serrage sur le nez : elles devinrent lunettes à lamelles. Avec la formulation entre 1600 et 1620 des lois de la réfraction par le néerlandais Snéllius, l'optique se développa comme une branche indépendante des sciences. Le plus connu de tous les physiciens ayant étudié ces lois est bien entendu René Descartes qui publia en 1637 les lois de la réflexion et de la réfraction, largement inspiré par ses prédécesseurs. Les lunettes se
développèrent aux 16ème et 17ème siècles, notamment en Espagne où elles étaient signe de richesse et d'un niveau social élevé. Il s'agissait essentiellement de lunettes à fil sur lesquelles deux noeuds assuraient le maintien autour des oreilles. Cependant, le problème restait la fixation de celles-ci sur le visage. C'est pourquoi au 17ème siècle, les lunettes en fil de fer de Nuremberg, communément appelées " pince-nez ", composées de branches métalliques à ressort, connurent un énorme succès. S'ensuivit différentes techniques comme les lunettes à ruban (celui-ci entourait la tête pour les fixer), les lunettes à bonnet (dont les verres étaient fixés au pare-soleil d'un bonnet) ou encore les bésicles frontales (les lunettes étaient fixées sur une sorte de cerceau en acier).





Du 18ème siècle à nos jours
A part en Espagne, les lunettes furent plutôt mal accueillies dans la bonne société Européenne. Celle-ci considérait qu’il s’agissait d’un signe de l’accroissement de l’âge et c’est pourquoi de nombreuses personnes célèbres, telles que Napoléon –myope- ou Goethe, refusaient de les porter en public ou même de les mettre ! Malgré tout, l’apparition des monocles, qui étaient constitués d’un verre unique avec une monture ronde et qui tenaient grâce aux muscles des paupières, bouleversa le monde des lunettes modernes.  En effet, ces monocles furent améliorés et donnèrent naissance, grâce à l’opticien londonien Georges Adams, à des lunettes à " ciseaux ", appelées lorgnettes, et tenues devant les yeux. Celles-ci furent adoptées par tous, même par Napoléon ou Goethe qui pouvaient les faire disparaître à tout moment. Ce n’est qu’en 1746 que l’opticien parisien Thomin eut l’idée de fixer les lunettes contre les tempes au moyen de branches : on les appela " lunettes à tempes permettant de respirer à l’aise ". Cependant, la pression provoquée par ces branches était la cause de nombreux maux de tête. En 1752, un autre opticien londonien inventa les branches articulées, qui n’étaient autre que les branches latérales auxquelles il avait rajouté une articulation. On les nomma " lunettes à oreilles ". Le bonheur total avec des lunettes arriva en 1857, lorsque l’opticien parisien Poulot inventa le support nasal. Il faudra cependant attendre les années 20 pour que le look et le design actuels deviennent réalité ! 

 

 

 

 

 

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